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(Passage d’une lettre de la Mère Marie de l’Incarnation adressée à son fils, en date du 25 juin 1660.)

«…… Voici comme le révérend père Chaumonnot en parle dans une lettre qu’il écrit, sur la déposition d’un Huron qui s’est sauvé, et qui a vu tout ce qui s’est passé.

Dès le mois d’avril 1669, dix-sept braves Français volontaires de Montréal, prirent le dessein de se hasarder pour aller faire quelque embuscade aux Iroquois, ce qu’ils firent avec l’approbation et l’agrément de ceux qui commandaient. Ils partirent accompagnés de quarante sauvages, tant Hurons qu’Algonquins, bien munis de tout ce qui leur était nécessaire. Ils arrivèrent le premier jour de mai suivant en un fort qui avait été fait l’automne passé par les Algonquins au pied du Long-Sault, au-dessus de Montréal. Le lendemain, jour de dimanche, deux Hurons qui étaient allés à la découverte rapportèrent qu’ils avaient vu cinq Iroquois qui venaient vers eux, aussi pour découvrir. L’on consulta là-dessus ce qui était à faire. Un Huron opina qu’il fallait descendre à Montréal, parce que ces Iroquois pouvaient être les avant-coureurs de l’armée qu’on nous avait annoncé devoir venir fondre sur nous, ou que s’ils n’étaient pas des espions de l’armée, ils étaient au moins pour avertir les chasseurs de cette embuscade, et par cet avis la rendre inutile. Annotacha, fameux capitaine huron, résista fortement à cette proposition, accusant de couardise et de lâcheté celui qui l’avait faite. On suivit le sentiment de ce dernier, et l’on demeura dans ce lieu, dans le dessein de faire le jour suivant une contrepalissade pour fortifier celle qu’ils avaient trouvée, et qui n’était pas de défense. Mais les Iroquois, qui étaient les Onnontageronons, ne leur donnèrent pas le loisir, car peu de temps après, on les vit descendre sur la rivière au nombre de deux cents. Nos gens, qui faisaient alors leurs prières, étant surpris, n’eurent le loisir que de se retirer