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Introduction


Notre histoire ne le cède à celle d’aucun autre pays en traits de valeur ou en actions éclatantes. Pour rivaliser avec les plus glorieuses, il ne lui manque que d’être mieux connue.

Lorsque des historiens ou des poètes aux accents plus puissants auront enfin fait retentir au delà des bornes de notre territoire les magnifiques exploits der paladins de la Nouvelle-France, les peuples ravis confesseront volontiers qu’il n’y a pas d’épopée plus belle, plus haute et plus sublime que celle de nos temps héroïques.

Or, parmi les grands faits d’armes dont s’enorgueillissent les annales canadiennes il en est un qui domine tous les autres par la beauté du geste et par l’importance du résultat. C’est le sacrifice de Dollard et de ses seize compagnons que la piété du Canada français s’apprête à célébrer incessamment.

À cette occasion, il nous semble qu’il n’est pas sans intérêt de rechercher quelle est l’histoire vraie du combat du Long-Sault et l’on nous permettra sans doute de nous y arrêter quelques instants.

De cet événement d’importance capitale nous n’avons à proprement parler que deux récits absolument contemporains, celui de l’auteur anonyme de la Relation de 1659-1660 et celui du Père Chaumonot reproduit par la mère Marie de l’Incarnation dans sa lettre du 25 juin 1660.

Voilà toutes nos sources d’information directe, à l’exception d’une brève entrée de quatre lignes dans le Journal des Jésuites, et surtout de l’acte de sépulture des dix-sept combattants consigné au registre de Ville-Marie, acte sans lequel nous ne connaîtrions pas les noms aujourd’hui glorieux des sauveurs de la Nouvelle-France, mais qui ne nous apprend pour ainsi dire rien sur la bataille elle-même et sur ses péripéties.

À ces sources, cependant, il convient d’ajouter les témoignages à peu près contemporains de M. Dollier de Casson dans son Histoire du Montréal et de M. François Vachon de Belmont dans son Histoire du Canada.

Ces deux sulpiciens, arrivés au pays, le premier en 1666 et le second vers 1680, ont vécu assez près des événements qu’ils racontent pour en parler avec l’autorité nécessaire ; ils ont connu, sinon les acteurs mêmes du drame, du moins leurs parents et leurs amis.

Ces quatre récits synoptiques présentent dans le détail d’assez nombreuses divergences. Aucun ne s’accorde par exemple quant à la durée du combat, quant à l’étendue de la défection du contingent sauvage et