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L’Homme du Labrador

Parmi les nombreux personnages groupés autour de l’âtre brûlant de l’immense cheminée, était un vieillard qui paraissait accablé sous le poids des ans. Assis sur un banc très bas, il tenait à deux mains un bâton sur lequel il appuyait sa tête chauve. Il n’était nullement nécessaire d’avoir remarqué la besace près de lui, pour le classer parmi les mendiants. Autant qu’il était possible de le juger dans cette attitude, cet homme devait être de la plus haute stature. Le maître du logis l’avait vainement sollicité de prendre place parmi les convives ; il n’avait répondu à ses vives sollicitations que par un sourire amer et en montrant du doigt sa besace. — C’est un homme qui fait quelques grandes pénitences, avait dit l’hôte en rentrant dans sa chambre après souper, car malgré mes offres il n’a voulu manger que du pain. — C’était donc avec un certain respect que l’on regardait ce vieillard qui semblait absorbé dans ses pensées. La conversation s’engagea néanmoins, et Arnaud eut soin de la faire tourner sur son sujet favori. Oui, messieurs, s’écria-t-il, le génie et surtout les livres n’ont pas été donnés à l’homme inutilement ! avec les