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massé… doine

faisait câline et dont les accents contrits savaient trouver le cœur de sa mère, et cette voix, entrecoupée de sanglots, répétait : Pardon, maman,… pardon, maman !…

La mère Croteau n’entendit pas le suprême adieu de sa fille. À la vue de l’incendie qui dévorait l’humble maisonnette construite par son cher défunt, où elle avait passé d’heureuses années avec sa petite Toinette, à la vue de sa fille unique se tordant au milieu des flammes, la pauvre femme s’était affaissée. Elle ne survécut que quelques jours à sa malheureuse fille.

— Hélas ! murmurait le curé Michelin qu’on amenait à bride abattue, Dieu n’a pas voulu que j’arrivasse à temps pour l’absoudre. Sa droite est terrible !

La danse au Petit Lac reçut là son coup de mort. La leçon, voyez-vous, était assez éloquente et démontrait, de toute évidence, qu’on ne se moque pas impunément des sages remontrances d’un pasteur.

On eut soin, pour l’honneur de la paroisse et des familles, de jeter sur les récents événements le voile de l’oubli. Les participants eurent garde, comme bien on pense, de se vanter d’avoir ainsi coudoyé le diable sous les dehors séduisants d’un danseur accompli, car, la chose ne faisait pas l’ombre d’un doute, le partenaire d’Antoinette Croteau était bel et bien Sa Majesté Satanique.

Cette conspiration du silence fut si bien ourdie qu’à peine quelques années s’étaient écoulées que d’incrédules Thomas criaient à l’imposture.

On a dit que les roches parlent. On peut donc s’imaginer si un rocher doit être bavard qui porte sur soi la preuve de ses racontars. Quel document authentique, en effet, comporte une évidence plus probante que ce rocher du Petit Lac scellé de l’empreinte diabolique ?