Page:Massé - Massé… doine, 1930.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.
49
la légende de petit lac de roxton

parmi les ouailles du curé, mais les paroisses voisines avaient comblé ces vides en envoyant quelques recrues nouvelles.

Le beau Jerry avait amené Léontine Foisy, Noé Saint-Hilaire, de Roxton Falls, avait invité les deux Gagnon, et son ami Phydime Laçasse, de Mawcook, était arrivé, dès l’après-midi, chez son ami Thivierge, avec son cousin Norbert Préfontaine, de Saint-Dominique. Bref, une bonne « gang » pour avoir du « fun », à ce que disait Jérémie Carignan alias Jerry Cunningham qui affectait de parsemer profusément d’anglo-saxon son langage d’ailleurs assez peu soigné.

Outre les étrangers déjà nommés, il y avait Honoré Doucet, de la grand’ligne, Césaire Beaudry et son frère Eustache, du chemin ponté, Rose et Sophie Baillargeon, du troisième « rang » avec leur « cavaliers » Hamel et Lussier, etc. Ils étaient en tout de vingt à vingt-cinq décidés à s’amuser et à faire la fête. Inutile de dire que Toinette Croteau s’y trouvait, parée de ses plus beaux atours et prodigue de ses œillades les plus assassines.

Parmi les danseurs venus ce soir-là se trouvait un jeune homme qui pouvait avoir vingt-cinq ans. Qui était-il ? D’où venait-il ? Qui l’avait invité ? Autant de ? que se posaient tous les yeux méfiants ou simplement curieux braqués sur lui. Notre homme, lui, ne semblait pas le moins du monde incommodé de ces regards. Il allait et venait d’un groupe à un autre et son allure parfaitement dégagée aurait fait croire qu’il était un habitué de ces bals. Belle taille, figure souriante, moustaches relevées en crocs, bref un type de Don Juan fait pour ensorceler des têtes plus solides que celles d’Antoinette Croteau ou de Rose Baillargeon. Notre Adonis, la bouche en cœur, répondait avec bonne grâce au flirt de ces demoiselles qui rêvaient sa conquête.

Les jeunes gens, qui avaient jusqu’alors épié toutes les démarches du bel inconnu, n’avaient pas fait faute de remarquer son torse imposant et sa musculature d’athlète et ces constatations avaient ôté aux plus hardis toute envie de lui chercher