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les mémoires de nuxette
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L’instant d’après, ma prison était suspendue à la véranda d’une maison, non loin du bois. C’est là que je vis les choses d’en haut et que je pus méditer à loisir sur les inconvénients qu’il y a à se mettre en goguette.

Après avoir désespéré de jamais reprendre la clef des bois, le courage me revint bientôt en entendant la conversation qui m’arrivait de l’intérieur de la maison : — « C’est pitié, Pitou, de retenir captives ces pauvres petites bêtes du bon Dieu ! »

Brave âme, pensais-je, puisses-tu convaincre ton sacripant de fiston, car je devinai que cette voix fraîche était celle de la maman qui tançait son rejeton.

— « Mais maman, répondait le monstre, je veux l’apprivoiser, moi. »

Je te vois venir, vilain garnement, dis-je à part moi.

Le dialogue s’arrêta là, me laissant dans l’ignorance du sort qui m’attendait. Je me tins coite tout l’après-midi, voulant donner à mon bourreau l’impression que j’étais un écureuil peu dégourdi, borné et impossible à apprivoiser.

Le soir venu, je vis s’approcher la maîtresse de céans. Elle ouvrit la porte de la cage et me prit délicatement dans sa main. Tandis qu’elle me caressait doucement du doigt, je pus la détailler. Elle était blonde comme un rayon de soleil et ses yeux me parurent deux bleuets. Ses lèvres étaient d’un beau rouge cerise et ses mignonnes quenottes aussi blanches que les miennes. Je remarquai aussi qu’elle était vêtue d’un simple peignoir qui laissait entrevoir de ravissantes épaules. Heureusement que je suis moi-même une personne du sexe car on ne sait à quels excès j’aurais pu me porter tant il y avait de séduction dans cet adorable minois.

Et dire que ces exquises créatures s’engouent de mécréants d’une mentalité détestable. Ignorent-elles donc que les objets de leur flamme s’enorgueillissent, comme de lettres de noblesse, d’avoir inventé fusils et cartouches.