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après le rêve, le réveil

rons grâce au lecteur des ornières, cailloux, ventre-de-bœuf, cahots ou « papineaux » comme disaient alors assez pittoresquement les loyalistes à cause sans doute des soubresauts que le chef patriote imprimait à leur somnolent conservatisme. Qu’il nous suffise de dire qu’on mit deux longues heures à parcourir la distance relativement courte, malgré les méandres et les détours, qui séparait Frost Village de la route du cinquième rang.

On chevauchait au pas et en silence dans la direction indiquée lorsque Rover qui s’écartait volontiers du chemin pour aller fureter ici et là tomba soudain en arrêt en faisant entendre un sourd grognement suivi aussitôt d’un aboiement furieux.

— Nous y voici, fit le dénonciateur qui avait servi de guide au détachement.

Au même instant, des aboiements précipités partirent d’une mauvaise masure à quelque distance à droite du chemin. Sur les ordres du sergent Witcomb, les volontaires mirent pied à terre et après avoir attaché leur monture aux arbres qui bordaient la route, s’avancèrent en tapinois. On se disposa à cerner le chantier pendant que Whitcomb se dirigeait vers la maison de Guilmain, à vingt-cinq pas plus loin.

Ainsi réveillé au milieu de la nuit par un militaire armé, Guilmain resta tout abasourdi. Ce fut pis encore lorsque Whitcomb lui apprit qu’il était soupçonné de donner asile à des ennemis de sa Majesté.

C’était la bonne manière de s’assurer le concours de Guilmain qui, après force protestations, s’offrit, pour démontrer sa bonne foi, d’aller déloger lui-même les intrus qui l’avaient ainsi compromis.

Sur l’invitation de Whitcomb, il alluma sa lanterne à chandelle de suif et armé d’un solide gourdin en bois de charme, accompagna le sergent jusqu’à la bicoque où se trouvaient ses hôtes sans gêne. Il asséna un violent coup de gourdin à la por-