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et d’étouffer, dans le doux espoir de nouvelles conquêtes, les mortifications que son orgueil et son amour-propre auront reçues ? Quand un mari cesse d’être un amant, et par malheur cela ne peut pas manquer d’arriver, le désir qu’elle avait de plaire, languit ou se tourne en humeur ; l’amour, de toutes les passions peut-être la plus évaporable, devient alors jalousie ou vanité.

Parlerons-nous des Femmes auxquelles leurs principes ou leurs préjugés peuvent servir de frein : eh bien ! celles-là, quoique reculant avec horreur à la seule idée d’intrigue, n’en seront pas moins charmées d’être convaincues, par l’hommage de la galanterie, que leurs maris sont trop cruels de les négliger ; ou bien, honnêtes, mais sensibles, elles passeront des jours, des années à rêver au bonheur qu’éprouvent deux ames bien unies ; cette désespérante méditation minera leur santé, jusqu’à ce qu’enfin, consumées par le chagrin, elles viennent à s’éteindre. Je voudrois bien voir à présent à quoi leur aura servi ce grand art de plaire, sur lequel on ne cesse d’insister ! Que mes adversaires en conviennent, cette recette ne peut-être qu’à l’usage d’une