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fausses notions de modestie, n’arrive jamais à cette grâce et cette beauté que des membres seulement à moitié formés et affoiblis d’ailleurs, ne sauroient offrir. En outre, l’émulation, ce ressort si puissant, ne les engage point à développer leurs facultés dans la jeunesse, et n’ayant point d’objet sérieux d’étude, si les jeunes personnes ont reçu de la nature quelque pénétration, elles la portent bientôt sur les petits détails de la vie et les manières du beau monde. En un mot, elles s’arrêtent sur les effets et les modifications, sans remonter jamais aux causes ; et des règles compliquées de maintien remplacent, sans doute, bien imparfaitement des principes clairs et simples.

Pour prouver que l’éducation donne aux Femmes cette apparence de foiblesse, je me contenterai de citer l’exemple des militaires qu’on fait entrer, comme elles, dans le monde avant que leur moral ait été enrichi de connoissances, et fortifié par les principes. Eh bien ! les conséquences sont les mêmes : les jeunes gens au service acquièrent une légère connoissance superficielle, glanée dans le champ