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vanité, que d’éternelles rivalités en soient le résultat ? C’est une espèce de course où elles disputent toutes les prix, au lieu qu’elles s’éléveroient peut-être au-dessus des vertus des mortels, si elles ne se voyoient pas entr’elles avec l’œil du soupçon et même de l’envie.

Un excessif amour de parure, de plaisirs et de domination sont les passions des sauvages ; ces passions qui occupent ces êtres non-civilisés qui n’ont point encore étendu le domaine de l’esprit, et qui n’ont pas même appris à penser avec l’énergie nécessaire, pour lier cette série d’abstractions qui produit les principes. Or, les Femmes, d’après leur éducation, d’après l’état actuel de notre civilisation, sont dans le même cas ; c’est, je crois, ce que personne ne peut révoquer en doute. Les tourner en ridicule, ou attaquer avec les armes de la satyre les sottises d’un être qu’on ne laisse jamais agir librement et d’après les lumières de sa raison, c’est donc une conduite aussi absurde que cruelle ; car il est très-naturel que ceux qui sont obligés d’obéir en aveugles à l’autorité, cherchent dans la ruse les moyens de l’éluder.