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que la Femme dépend de l’homme pour sa subsistance, produit une sorte d’affection enfantine qui fait tourner une Femme autour de son mari, comme elle feroit auprès de tout autre homme qui pourroit la nourrir et la caresser.

Les hommes sont pourtant souvent flattés de cette sorte de tendresse qui se restreint à eux ; mais s’ils devenoient plus vertueux, ils aimeroient à trouver auprès du feu un ami avec qui converser, quand ils auroient cessé de jouer avec une maîtresse.

D’ailleurs, l’intelligence est nécessaire pour donner de la variété et de l’intérêt aux plaisirs des sens. C’est occuper, en effet, le dernier rang dans l’échelle intellectuelle, que de continuer à aimer, lorsque ni la vertu, ni le sens ne donnent une apparence humaine aux appétis de l’animalité. L’esprit et le sens auront toujours l’avantage ; et si les Femmes ne sont pas en général plus rapprochées du niveau des hommes, quelques Femmes supérieures, comme les courtisannes grecques, rassembleront autour d’elles les hommes à talens, et tireront de leurs ménages