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sort de l’homme, il faut permettre aux Femmes de fonder leur vertu sur la base des connoissances, ce qui est presqu’impossible, si elles ne font pas les mêmes études que les hommes.[1] Car, pour le présent, elles sont si forts au-dessous d’eux, par l’ignorance et la frivolité de leurs désirs, qu’elles ne méritent pas d’être mises dans la même classe ; ou, si elles gravissent à l’arbre de la science, ce n’est que par les détours tortueux de la ruse, et elles n’en acquièrent que ce qu’il en faut pour égarer les hommes.

  1. L’auteur Anglais n’est pas seule de cet avis. Montaigne, qui, dans l’occasion, n’épargne pas le sexe, trouve qu’à tout prendre, il vaut à-peu-près le nôtre ; et il appuie son témoignage de ceux de Platon et d’Antisthènes. Voici comme il s’exprime :

    « Je dis que les masles et femelles sont jettez en même moule, sauf l’institution et l’usage, la différence n’y est pas grande. Platon appelle indifféremment les uns et les autres à la société de toutes estudes, exercices, charges et vacations guerrières et paisibles, en sa république. Et le philosophe Antisthènes ostoit toute distinction entre leur vertu et la nostre. Il est bien plus aisé d’accuser un sexe que d’excuser l’autre. C’est ce qu’on dit, le fourgon se mocque de la poële ».