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Cette habitude de cruauté se prend d’abord dans les écoles où c’est un des grands plaisirs des enfans de tourmenter les malheureux animaux qui leur tombent sous la main. À mesure qu’ils avancent en âge[1], ils passent, par une transition presqu’insensible, de cette barbarie à la tyrannie domestique sur leurs Femmes, leurs enfans et leurs gens. La justice ou même la bienveillance ne peut pas être une source

    pour avoir à qui commander. Je suis tenté de croire que c’est plutôt pour avoir un compagnon et un ami, et je suis confirmé dans mon opinion par le mot de cet homme qui, tombé de l’opulence dans une extrême misère, n’avoit pour ressource que le pain de la paroisse, et demanda un jour double ration. Le curé vint le voir, et appercevant un chien dans son misérable réduit, il lui fit sentir que le pain des pauvres ne pouvoit être donné aux chiens, et qu’en conséquence il falloir qu’il s’en défit. Eh ! monsieur, répondit l’infortuné, en versant des larmes, Eh ! monsieur, qui est-ce qui m’aimera ? Le bon curé se mit à pleurer lui-même, et n’eût pas la force d’exiger un sacrifice si douloureux.

  1. Note du traducteur. C’est pour cela qu’à Athènes l’Aréopage condamna à mort un enfant qui, par jeu, avoit crevé les yeux à une caille.