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hommes sensés ne se plaignent-ils pas sans cesse qu’une passion excessive pour les ajustemens et la dissipation, écarte une mère de famille pour jamais de sa maison ? Ce ne sont pas les connoissances qui ont débauché leur cœur ; ce n’est pas le goût de la science qui a égaré leur esprit ; cependant, en remplissent-elles avec plus d’exactitude les devoirs que, comme Femmes, la nature les appelle à remplir ? au contraire, l’état de guerre qui subsiste entre les deux sexes, leur fait emloyer ces ruses qui éludent les desseins les plus marqués de la force.

Lors donc que j’appelle les Femmes des esclaves, je prends leur esclavage dans un sens politique et civil ; car indirectement, elles obtiennent beaucoup trop d’autorité, et elles s’avilissent par les efforts même qu’elles font pour se faire un pouvoir illégitime.

Une nation éclairée[1] devroit donc es-

  1. Note du traducteur. C’est de la France que l’auteur veut ici parler. En effet, la révolution permet de s’occuper des Femmes qui n’ont que trop long-tems été traitées avec un respect apparent, et avec un mépris