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aucune idée distincte ; tandis qu’il n’y a d’éducation vraiment digne du beau nom de culture de l’esprit, que celle qui apprend aux jeunes gens les élémens de l’art de penser. On ne devroit pas permettre à l’imagination de débaucher l’intelligence, avant que celle-ci ait acquis toute sa force, et à la vanité de devenir l’avant-coureur du vice ; car de toutes les manières de faire montre des progrès d’un enfant, il n’en est aucune qui ne soit funeste à la moralité de son caractère.

Combien de tems on perd à leur apprendre à réciter ce qu’ils n’entendent pas ? pendant qu’assises sur des bancs, toutes avec leurs plus belles parures, les mamans écoutent avec étonnement ce petit babil de perroquet, cette déclamation ridicule, faite avec toute la pompe de l’ignorance et de la sottise. De telles montres ne servent qu’à faire vibrer les fibres de la vanité dans ces ames foibles ; car elles n’apprennent aux enfans, ni à s’exprimer d’une manière aisée, ni à se tenir avec grace, Tout au contraire, ces frivoles objets pourroient s’appeler l’étude de l’affectation ; car il est bien rare à présent de voir un jeune