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gêné par ces déférences, ce respect qui prévient la dispute sans assurer la soumission. Quelque attachement qu’ait un enfant pour son père, il brûlera toujours de babiller et de jouer avec des enfans ; et ce même respect, cette même estime filiale, mêlée de quelque crainte, s’ils ne lui font pas prendre l’habitude de la ruse, l’empêcheront au moins de confier ses petits secrets qui ouvrent le cœur à l’amitié et à la confiance, et le mènent par dégrés à une bienveillance plus expansive.

Déterminée par les réflexions que doit inspirer la vue de nos écoles, telles qu’elles sont à présent, je m’étois d’abord déclarée assez vivement en faveur de l’éducation particulière ; mais depuis, l’expérience m’a fait voir la question sous un jour tout différent. Je persiste cependant à penser que nos écoles actuelles sont la pépinière du vice et de la folie, et que la connoissance de l’homme qu’on est supposé y puiser, se borne à la ruse et à l’amour propre.

Dans les écoles publiques, les garçons deviennent gourmands et sales ; et au lieu de cultiver des affections domestiques,