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contraire, l’habitude de se reposer presque implicitement sur l’opinion d’un père respecté, n’est pas facile à secouer, lors même que la maturité de la raison apprend à l’enfant que son père n’est pas ce qu’il y a de plus sage dans le monde. Cette foiblesse, car c’en est une, quoiqu’on puisse lui donner une épithète intéressante, un homme raisonnable doit s’en affranchir ; en effet, l’absurde devoir, trop souvent irréfléchi, d’obéir à un père uniquement parce qu’il nous a donné le jour, enchaîne l’esprit et le prépare à se soumettre servilement à tout autre pouvoir que celui de la raison.

Je distingue entre le devoir naturel et le devoir accidentel envers les parens.

Le père qui a soigneusement tâché dé former le cœur et d’étendre l’intelligence de son enfant, a donné, à l’accomplissement d’un devoir commun à toute l’espèce animale, le caractère de dignité que la raison seule peut donner. C’est en cela que consiste l’affection paternelle de l’humanité, bien supérieure à l’affection naturelle de l’instinct. Un tel père acquiert tous les droits de l’amitié la plus sacrée,