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tourent le principe le plus arbitraire d’une sainteté mystérieuse ; car, comment qualifier autrement le devoir de l’obéissance aveugle à des êtres foibles et vicieux, uniquement parce qu’ils ont obéi eux-mêmes à un instinct irrésistible.

On peut donner en peu de mots la simple définition du devoir mutuel qui existe naturellement entre le père et l’enfant. Le père qui soigne l’enfance débile a le droit de réclamer les mêmes services quand la foiblesse de l’âge le ramène à l’enfance ; mais soumettre un être raisonnable à la seule volonté d’un autre, quand le premier est dans un âge à pouvoir répondre à la société de sa propre conduite, c’est l’extension la plus cruelle et la plus illégitime du pouvoir ; et peut-être est-elle aussi immorale, que ces systèmes religieux qui veulent que le juste et l’injuste n’ayent d’existence que dans la volonté de Dieu.

Je n’ai jamais connu de père qui fût méprisé de ses enfans, après leur avoir donné des soins plus qu’ordinaires[1] ; au

  1. Le docteur Johnson fait la même observation.