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en particulier, voudroient toutes être ladis, ce qui veut dire simplement n’avoir rien à faire ; mais aller à l’aventure, je ne sais trop où, pour y tuer le tems, je ne sais trop à quoi.

Mais qu’est-ce que les Femmes ont donc à faire dans la société, pourra-t-on m’objecter, hors de s’y amuser et d’y babiller avec grace ? Sûrement vous ne voudriez pas les condamner toutes à nourrir des poupons, ou à ranger des bouteilles de petite bière dans une cave ! non, sans doute ; mais les Femmes peuvent certainement étudier l’art de guérir et être médecins aussi bien que garde-malades. L’art des accouchemens, par exemple, la décence sembloit le leur réserver ; je crains bien pourtant que le mot de sage-femme ne tarde pas à être remplacé dans tous les dictionnaires par celui d’accoucheur, et qu’une preuve de l’ancienne délicatesse de mon sexe ne s’efface bientôt du langage.

Elles pourroient aussi étudier la politique, et donner ainsi une base plus étendue à leur bienveillance. Quant à la lecture de l’histoire, je ne la regarderais guères comme plus utile que celle des romans,