Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/431

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(387)

aux travaux pénibles, qui paye la liste civile de la royauté, tandis qu’elle peut à peine donner une bouchée de pain à ses enfans. Comment sont-ils représentés, ceux dont les sueurs ont servi à détremper le ciment des magnifiques écuries de l’héritier présomptif, ou ont payé le vernis brillant dont est couvert le char d’une maîtresse qui, du fond de cette machine commode et somptueuse, les regarde avec dédain ? Les taxes imposées sur l’indispensable nécessaire mettent une foule de princes et de princesses, tout au moins inutiles, en état d’éblouir de leur pompe stupide une autre foule d’hébétés qui adorent presque un luxe dont ils payent si cher les frais. Il n’y a qu’une grandeur gothique, une magnificence inutile, et qui sent les siècles de la barbarie, à avoir des sentinelles à cheval aux portes de Whitehall ; pour moi, je n’ai jamais pu les regarder, sans que l’indignation se mêlât au mépris qu’ils m’inspiroient.

Combien ne faut-il pas que le jugement soit faussé quand on admire cette manière d’être de l’état ? mais de pareilles folies feront fermenter toute la masse de