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n’y a mis aucune différence, et même que l’homme qui se permet de n’être point chaste, attaque doublement son but, en rendant les Femmes stériles, et en détruisant sa propre constitution, quoiqu’il échappe à la honte qui poursuit le même crime dans l’autre sexe. Telles sont les conséquences physiques ; on trouvera les morales encore plus alarmantes ; car la vertu n’est plus qu’un mot quand les devoirs de citoyen, d’époux, de femme, de père et de mère, et de chef de famille ne lient plus les différens membres de la société, devenus égoïstes, que par de simples convenances.

Où les philosophes s’amusent-ils donc à chercher l’esprit public ? L’esprit public doit nécessairement être nourri par les vertus privées, autrement il ressemblera à ce sentiment factice qui fait un devoir rigoureux aux Femmes de conserver leur réputation, et aux hommes leur honneur ; un sentiment qui existe souvent sans avoir pour base la vertu, ou cette sublime morale, aux yeux de laquelle l’infraction habituelle d’un devoir devient celle de toute la loi morale.