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milièrement l’esprit corporel, et leurs intimités sont de la même espèce ; en un mot, elles sont aussi intimes en corps qu’en esprit. Si la décence personnelle qui est la base de la dignité de caractère ne s’introduit point parmi les Femmes, leur esprit n’acquèrera jamais ni force, ni modestie.

D’après cela, je m’oppose également à ce qu’on renferme ensemble trop de Femmes dans des pensions ou des couvens. Je ne puis me rappeler sans indignation les jeux mal-honnêtes, les familiarités indécentes que de jeunes personnes se permettent entr’elles, et dont j’ai été témoin dans ma jeunesse, lorsque le hazard leur amenoit en ma personne, un censeur incommode.

Je les ai vues dans leurs conversations au moins aussi indécentes que les hommes dans ces mots à double entente, qui font rire aux éclats toute une table, quand le rouge bord a librement circul ; mais envain essayeroit-on de tenir le cœur pur, si l’on ne meuble sa tête d’idées, et qu’on ne prenne la peine de les comparer, afin de se former un jugement solide, en généralisant les notions simples, et pour se faire