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modestie, tendent à enflammer leur imagination avant le tems ; et font que leurs esprits s’occupent de choses que la nature n’avoit pas voulu soumettre à leurs pensées avant que leur corps fut parvenu à une certain dégré de force ; car alors les passions prennent la place des sens, comme instrumens propres à développer l’entendement, et à former le caractère moral.

Je crains bien que les filles ne soient dabord gatées chez les nourrices et dans les pensions, particulièrement dans les dernières. Plusieurs jeunes filles couchent et veillent ensemble dans la même pièce. Quoique je fusse bien fâchée de souiller l’esprit d’une innocente créature, en lui inspirant une fausse délicatesse, ou par ces notions d’une indécente pruderie qui lui donneroient naturellement de la méfiance contre l’autre sexe ; je n’en serois pas moins attentive à empêcher qu’elle ne prit des

    possible, il vaut mieux leur dire la vérité, sur-tout lorsque cette connoissance, ne les intéressant point, ne peut faire aucune impression sur leur imagination.