Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/366

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(322)

ce qu’ils deviennent plus modestes, jusqu’à ce que les hommes, pliant à des sentimens plus raisonnables, un goût sensuel pour le sexe, ou une affectation d’assurance mâle, qui est bien plutôt de l’imprudence, se traitent l’un l’autre avec respect, à moins que la passion ne donne son ton particulier à leur maintien. Je veux dire un respect personnel, le respect modeste pour l’humanité et non pour les politesses malhonnêtes ou fausses de la galanterie, ou l’insolente condescendance d’un être qui se donne les airs d’en protéger un autre.

Je porterai plus loin cette observation, et j’avancerai que la modestie doit défendre de communiquer avec ce libertinage d’esprit, qui porte un homme à faire froidement et sans rougir d’indécentes allusions, des jeux de mots obscènes ; il n’est pas ici question des Femmes ; car ce seroit alors brutalité. Le respect pour l’homme, comme homme, est la base de tous sentimens nobles. Combien le libertin qui obéit à son tempérament, ou seulement à sa fantaisie, n’est-il pas plus modeste, que le lâche bouffon qui fait rire à gorge déployée toute une table.