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lopper d’un nuage, qui n’en laissât pas percer la moindre étincelle. Cependant, cette affection ne mérite point l’épithète de chaste, qui ne reçoit pas du plaisir même une teinte majestueuse d’une tendre mélancolie, et qui peut permettre à l’ame de s’oublier, ne fût-ce que pour un moment, dans la jouissance de sa satisfaction actuelle, quand elle se sent dans la présence d’un Dieu ; — car ce doit toujours être là l’aliment de sa joie !

J’ai toujours été curieuse de remonter dans la nature à la source de toutes les coutumes établies ; en conséquence, il m’est souvent venu dans la tête que c’étoit un sentiment d’affection pour tout ce qui avoit touché la personne d’un ami absent ou mort, qui a donné naissance à ce respect absurde pour les reliques, dont les prêtres ont si bien su se servir pour leurs intérêts. On doit permettre à l’amour, comme à la dévotion, de consacrer les vêtemens aussi bien que la personne qui les porte ; car l’amant à qui le gant ou le mantelet de sa maîtresse n’inspire pas une sorte de respect religieux, seroit un homme sans imagination. Il ne doit pas pou-