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principes qui leur ont été inculqués avec tant de constance ? Il leur faut un amant, un protecteur ; voyez-le à genoux devant elle, la bravoure aux pieds de la beauté ! L’amour fait oublier les vertus nécessaires à un époux, et les flatteuses espérances ou les tendres mouvemens bannissent la réflexion jusqu’au jour où il s’agit de compter ; et il viendra sûrement ce jour, pour faire de l’amant enchanteur un tyran soupçonneux et cruel, insultant avec mépris cette foiblesse qui s’étoit mise sous sa protection. Supposerons-nous ce roué converti ? mais il ne pourra se défaire de sitôt de ses vieilles habitudes ; quand un homme de talent se trouve égaré, pour la première fois, par ses passions, il a besoin que le sentiment et le goût lui déguisent les excès du vice, et excusent en partie les jouissances brutales auxquelles il s’abandonne ; mais quand le vernis de la nouveauté a disparu, et que le plaisir agit directement sur les sens, le libertinage effronté se montre sans rougir, et l’on s’étourdit dans la jouissance la plus criminelle, dernier effort désespéré de la foiblesse qui craint de se voir elle-même. Ô vertu ! non tu