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l’amour, cet enfant qui n’aime que les jeux et le badinage. Dépourvues de goût, excepté d’un goût superficiel, car le véritable est le fruit du jugement, comment pourroient-elles découvrir la beauté réelle et la grace qui naît du développement des facultés intellectuelles ? Et comment s’attendre à les voir goûter, dans un amant, ce qu’elles n’ont point du tout elles-mêmes, ou du moins ce qu’elles ne possèdent que très-imparfaitement ? La sympathie qui unit les cœurs et les invite à s’épancher, est si foible dans ces Femmes, qu’elle ne sauroit s’enflammer et s’élever à la hauteur d’une passion ; Non, je le répète, l’amour, pour vivre dans de pareilles ames, a besoin d’un aliment plus grossier.

La conséquence se présente d’elle-même ; on n’a pas droit de se mocquer des Femmes à cause de leur prédilection pour les libertins élégans, même de leur amour pour ces êtres méprisables tant qu’on ne les aura pas amenées à faire usage de leurs facultés intellectuelles, et à les cultiver ; puisqu’après tout, c’est l’effet inévitable de leur mauvaise éducation. Des êtres qui