Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/345

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(301)

leur impression et mette l’imagination en jeu, afin que l’objet le plus beau lui paroisse en même tems le meilleur.

Les qualités communes n’excitent que des passions communes. — Les hommes cherchent la beauté, et sur-tout l’attrait d’une docilité qui se soumette de bonne grace à leurs volontés. Les manières aisées, le bon ton captivent les Femmes ; un homme, comme il faut ne manque guères de les séduire, et leurs oreilles avides boivent à longs traits ces jolis riens que la politesse a fait une loi de leur débiter, tandis qu’elles se détournent de la voix inintelligible pour elles de la raison qui les raviroit bien plus, si elles pouvoient l’entendre. Quant aux qualités superficielles, les libertins élégans ont certainement l’avantage sur les gens sensés ; et les Femmes en sont de bons juges, puisqu’elles prononcent sur une matière de leur compétence. L’ensemble de leur vie les rendant étourdies et d’une gaîté folle, l’aspect de la sagesse, ou les graces sévères de la vertu ne leur offrent qu’un coup d’œil lugubre ; il produit une sorte de réserve qui doit naturellement leur déplaire et effaroucher