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ne consistera point en saillies, ni en complimens bien tournés ? Pour admirer ou estimer constamment une chose, il faut du moins que notre curiosité nous ait excité à prendre quelque connoissance de l’objet de notre admiration ; car nous ne pouvons apprécier les qualités, ni les vertus qui sont au-dessus de notre intelligence. Ce respect, lorsqu’il est senti, peut être sublime, et sous quelques points de vue, le sentiment confus de l’humanité peut faire un objet intéressant d’une créature dépendante ; mais il n’entre pas des élémens si purs dans l’amour humain ; les attraits y sont pour beaucoup, on pourroit dire pour presque tout.

L’amour est à beaucoup d’égards, une passion despotique ; il règne arbitrairement, comme beaucoup d’autres fléaux prétendus majestueux, sans daigner motiver ses ordres ; on peut aussi le distinguer aisément de l’estime, qui sert de base à l’amitié, parce que souvent ce sont des attraits fugitifs, des grâces passagères qui l’excitent, quoique pour donner de l’énergie et de la tenue au sentiment, il faille que quelque chose de plus solide ajoute à