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énergie, si elle étoit fondée sur la raison. Quels effets pourroit-on en attendre, en n’y voyant que l’asile de la foiblesse timorée, ou le refuge du fanatisme, et non un principe gouvernant de conduite, tiré de la connoissance de soi-même, et d’une opinion raisonnable sur les attributs de la Divinité ? La religion, qui consiste à échauffer les affections, et à exalter l’imagination, n’est que la partie poëtique de la religion ; et elle peut procurer du plaisir à un individu, sans le rendre un être plus moral. Elle peut remplacer les poursuites mondaines, les recherches du bonheur dans cette vie ; cependant, ne nous dissimulons pas, qu’alors elle rétrécit le cœur, au lieu de nous l’agrandir ; et pourtant, il faudroit aimer la vertu pour sa sublimité, son excellence en elle-même, et non parce qu’elle nous procure des avantages et nous sauve des malheurs ; c’est la seule manière de l’envisager, qui puisse donner des résultats dignes d’elle. Les hommes n’acquéreront jamais une moralité suffisante, tant qu’ils se borneront à bâtir des châteaux en l’air dans un monde à venir, pour compenser les peines qu’ils