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renommée, — qui est en effet la plus bisarre de toutes les erreurs ? — Quoi ! se refuser jusqu’aux moindres satisfactions pour être applaudi quand on ne sera plus ! Que sert de disputer sur l’immortalité de l’ame, si cette noble passion ne doit pas élever l’homme au-dessus des êtres qui coexistent avec lui.

Et l’amour ! quelles scènes comiques ne produit-il pas ? — Les tours de Pantalon n’ont rien d’aussi plaisant. Quoi de plus ridicule, que de voir un homme orner un objet de charmes imaginaires, et tomber ensuite aux pieds de l’idole qu’il s’est fait lui-même ? Mais il s’ensuivroit les plus sérieuses conséquences, si l’on dépouilloit l’homme de cette portion de bonheur que l’Être suprême lui a indubitablement promise en l’appelant à l’existence : toutes les intentions de la vie auroient-elles été mieux remplies, si l’homme avoit éprouvé seulement ce qu’on appelle l’amour physique ? L’objet n’étant plus vu à travers le milieu de l’imagination, sa présence ne réduiroit-elle pas bientôt la passion à un simple appétit, si la réflexion qui distingue si éminemment l’homme, n’en ren-