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roit la vraie sagesse, ou, pour parler plus explicitement, elle nous procureroit la plus grande somme de bonheur, dans la teneur entière de la vie ; mais la science, poussée au-delà des convenances de cette même vie, seroit une calamité.

Pourquoi altérerions-nous notre santé par une assiduité constante à l’étude ? Le plaisir exalté que procurent les travaux intellectuels, équivaudroit à peine aux heures de langueur qui leur succèdent, surtout s’il faut faire entrer dans ce calcul, les doutes et les erreurs qui obscurcissent toutes nos recherches : l’inquiétude et la vanité en sont le terme ordinaire ; car, la chose que nous désirons particulièrement découvrir, fuit devant nous comme l’horizon, à mesure que nous avançons. L’ignorant, au contraire, ressemble à l’enfant, et suppose qu’en marchant droit devant soi, l’on arriveroit au point de l’horizon où, selon lui, la terre et le ciel se touchent. Cependant, trompés comme nous le sommes dans nos recherches, l’esprit se fortifie par l’exercice, assez peut-être pour devenir susceptible de recevoir dans un autre point de l’existence, les