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l’intelligence, doivent être bientôt calculés. À cette époque, la connoissance de la futilité de la vie, ou même plutôt si elle est obtenue par l’expérience, est très-utile, parce qu’elle est naturelle ; mais quand on montre à un être fragile, les vices et les folies des hommes, afin de le prémunir contre les chances ordinaires de la vie, par le sacrifice de son propre cœur, — ce n’est pas être trop morose que de prétendre que cette sagesse du monde est en contraste avec le plus noble fruit de la piété et de l’expérience.

Je vais hazarder un paradoxe et montrer mon opinion toute entière : Si les hommes étoient uniquement nés pour parcourir le cercle de la vie à la mort, il seroit sage de prendre la route que la prévoyance pourroit nous suggérer pour nous rendre heureux ; la modération, dans chaque entreprise, seroit alors la suprême sagesse, et le voluptueux circonspect jouiroit d’un certain dégré de contentement, quoiqu’il ne s’attachât ni à cultiver son intelligence, ni à maintenir en lui la pureté du cœur. En supposant que tout périt avec nous, la prudence se-