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panouir, et tourne en poison la sève généreuse qui devroit monter avec vigueur dans le jeune individu, pour lui inspirer des affections tendres et de grandes résolutions[1].

Chaque chose a sa saison, dit l’homme sage : demande-t-on les fruits de l’automne aux mois générateurs du printems ? Mais c’est de la déclamation, et mon projet est de raisonner avec ces sages précepteurs du genre humain, qui, au lieu de cultiver le jugement, sèment des préjugés, et endurcissent les cœurs qu’une expérience graduelles auroit seulement tempérés. Une connoissance prématurée des défauts de l’humanité, ou ce qu’on appelle la science du monde, est, dans mon opinion, le moyen le plus sûr de resserrer le cœur, et de glacer cette ar-

  1. Qu’il faille constamment tenir en garde les enfans, contre les vices et les folies du monde, c’est une opinion qui me paroît très-fausse, car dans le cours de mes observations, et je les ai assez étendues, j’ai vu que les jeunes gens, élevés de cette manière, imbus de ces soupçons refroidissans, et répétant machinalement le si dubitatif de l’âge ; j’ai vu, dis-je, que tous annonçoient un caractère égoïste.