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Je laisserai de côté sa véhémente argumentation en faveur de l’éternité des peines à venir, parce que je rougis de penser qu’un être humain puisse prendre avec chaleur la défense d’une pareille cause ; je me contenterai de faire quelques remarques sur sa manière absurde de faire supplanter la raison par l’autorité paternelle ; car elle inculque par-tout, non-seulement une soumission aveugle aux parens, mais à l’opinion du monde[1].

Elle nous raconte l’histoire d’un jeune homme engagé par le désir exprès de son père à une jeune personne d’une grande

  1. Une personne ne doit pas se conduire de telle ou telle manière, quoique convaincue qu’elle fait bien, parce que quelques circonstances équivoques peuvent faire soupçonner qu’elle s’est conduite d’après des motifs différens. C’est sacrifier la réalité à l’ombre. Qu’on veille sur son propre cœur, qu’on agisse aussi bien qu’on le croit possible, et puis on peut attendre tranquillement ce que le monde en pensera, ce qu’il en voudra dire. Le mieux est toujours d’obéir à sa conscience, et d’être dirigé par un motif simple et pur ; — car la justice ne s’est vue que trop souvent sacrifiée à l’apropos, ou pour le dire autrement, à la convenance.