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c’est que l’honnêteté. Mais il n’en est pas moins vrai qu’un esprit cultivé rend seul le commerce agréable, et c’est une triste chose pour un père de famille qui se plait dans sa maison, d’être forcé de s’y renfermer en lui-même, et de ne pouvoir s’y faire entendre à personne.

» D’ailleurs, comment une Femme qui n’a nulle habitude de réfléchir, élevera-t-elle ses enfans ? Comment discenera-t-elle ce qui leur convient ? Comment les disposera-t-elle aux vertus qu’elle ne connoit pas, au mérite dont elle n’a nulle idée ? Elle ne saura que les flatter ou les menacer, les rendre insolens ou craintif ; elle en fera des singes maniérés ou d’étourdis polissons, jamais de bons esprits, ni des enfans aimables » ; en effet comment se conduira-t-elle, son mari n’étant pas toujours-là pour lui prêter sa raison ? puisque ce n’est qu’à eux deux qu’ils forment un seul être moral. Une volonté aveugle, qu’on pourroit appeler des yeux sans mains, ne sauroit aller loin ; et peut-être sa raison abstraite, c’est-à-dire l’intelligence su-