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Les hommes ont une force de corps supérieure ; mais convenons que si on ne se méprenoit sur les idées de beauté, les Femmes acquéreroient assez de cette force de corps, pour s’assurer les moyens de subsistance, et par conséquent l’indépendant, ainsi que pour supporter ces peines et ces fatigues qui servent à tremper l’ame.

Qu’on nous laisse donc nous exercer comme les garçons, non-seulement durant l’enfance, mais même continuer, pendant la jeunesse, ce développement de nos forces, qui nous conduiroit à la perfection du corps, afin que nous puissions savoir enfin jusqu’où va la supériorité naturelle de l’homme ; car quelle raison ou quelle vertu peut-on attendre d’un être qu’on a négligé dans le tems de la semence? Aucune, — à moins que les vents du ciel n’ayent jetté, par hazard, quelque bon grain dans un sol naturellement fécond.

» On ne peut jamais se donner de la beauté, et l’on est sitôt en état d’acquérir la coquetterie ; mais on peut déjà chercher à donner un tour agréable à ses gestes, un accent flatteur à sa voix, à composer son maintien, à marcher