Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(199)

l’humanité sont violés, quand on exige d’elles une obéissance aveugle, ou quand on veut que les plus sacrés de ces droits n’appartiennent exclusivement qu’aux hommes.

L’être qui endure patiemment l’injustice, et supporte en silence les insultes, deviendra bientôt injuste lui-même, ou incapable de discerner le bien d’avec le mal. De plus, je nie que ce soit-là le vrai moyen de former ou d’améliorer le caractère ; car les hommes en doivent à leur sexe un meilleur que celui des Femmes, parce qu’ils sont occupés à des recherches, qui intéressent la tête aussi bien que le cœur ; et que la solidité de la tête tient le cœur dans un état de santé morale. Les gens d’une sensibilité excessive, ont rarement de bons caractères. Sa formation est l’ouvrage tranquile de la raison, qui, à mesure que la vie s’avance, combine avec un art heureux des élémens discordans. Je n’ai jamais connu de personne foible ou ignorante, qui eût un bon caractère, quoiqu’on abuse souvent de ce nom, en le donnant à cette bonne humeur qui tient au tempérament, et à cette docilité que la pusilla-