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« Il résulte de cette contrainte habituelle, continue Rousseau, une docilité dont les Femmes ont besoin toute leur vie, puisqu’elles ne cessent jamais d’être assujettis, ou à une homme, ou aux jugemens des hommes, et qu’il ne leur est jamais permis de se mettre au-dessus de ces jugemens. La première est la plus importante qualité d’une Femme, est la douceur : faite pour obéir à un être aussi imparfait que l’homme, souvent si plein de vices, et toujours si plein de défauts, elle doit apprendre de bonne-heure à souffrir même l’injustice, et à supporter les torts d’un mari sans se plaindre ; ce n’est pas pour lui, c’est pour elle qu’elle doit être douce : l’aigreur et l’opiniatreté des Femmes ne font jamais qu’augmenter leurs maux et les mauvais procédés des maris ; ils sentent que ce n’est pas avec ces armes-là qu’elles doivent les vaincre ».

Formées pour vivre avec un être aussi imparfait que l’homme, sans doute elles doivent apprendre, de l’exercice de leurs facultés, la nécessité de la patience ; mais je soutiens que tous les droits sacrés de