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le régler. Il est sûr que la petite voudroit de tout son cœur savoir orner sa poupée, faire ses nœuds de manche son fichu, son falbala, sa dentelle ; en tout cela, on la fait dépendre si durement du bon plaisir d’autrui, qu’il lui seroit plus commode de tout devoir à son industrie. Ainsi vient la raison, des premières leçons qu’on lui donne ; ce ne sont pas des tâches qu’on lui prescrit, ce sont des bontés qu’on a pour elle. Et en effet, presque toutes les petites filles apprennent avec répugnance à lire et à écrire ; mais quant à tenir l’aiguille, c’est ce qu’elles apprennent toujours volontiers. Elles s’imaginent d’avance être grandes, et songent avec plaisir que ces talens pourront un jour leur servir à se parer ».

Certainement, on ne verra là qu’une éducation de corps ; mais Rousseau n’est pas le seul qui ait dit indirectement que le mérite d’une jeune Femme et son aptitude à plaire consistent uniquement dans sa personne, sans y faire entrer pour rien l’esprit, excepté néanmoins les esprits animaux. Pour la rendre foible, ou belle,