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souvent dégradées, en souffrant que la prudence égoïste de l’âge glace l’ardeur de la jeunesse.

C’est de la même source que dérive l’opinion, qu’il faut que les filles consacrent la plus grande partie de leur tems à des ouvrages d’aiguille ; cependant de toutes les occupations qu’on pourroit leur donner, c’est celle qui rétrécit le plus leurs facultés, en concentrant toutes leurs pensées sur leur personne. Les hommes commande leurs vêtemens, et ne s’en occupent plus ; les Femmes au contraire font leurs propres ajustemens, soit de nécessité, soit de parure ; c’est l’objet continuel de leurs entretiens, et l’on peut dire que leurs pensées suivent leurs mains. Á la vérité, ce n’est pas la façon des choses de nécessité qui nuit à leur esprit, mais la fripperie de la parure ; car lorsqu’une Femme de la dernière classe fait les habits de son mari ou de ses enfans, elle remplit son devoir ; elle s’acquitte de la tâche qui lui revient dans les affaires du ménage ; mais lorsqu’une Femme travaille uniquement pour renchérir sur sa parure, cette occupation est pire que la