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explicitement, il m’a paru applicable à toute l’espèce humaine. L’amour du plaisir ou de l’autorité, semble diviser le genre humain, et l’époux qui seigneurise dans son petit harem, ne songe qu’à son plaisir ou à sa convenance. C’est l’amour immodéré du plaisir, qui porte quelques hommes prudens, ou des libertins blasés qui se marient pour avoir une compagne saine, c’est, dis-je, l’amour immodéré du plaisir qui les porte à séduire leurs propres Femmes, à agir avec elles comme avec des courtisanes. — L’hymen bannit la modestie, et l’amour chaste disparoît.

L’amour, considéré comme un besoin physique, comme un appétit animal, ne peut pas long-tems se nourrir de sa propre substance sans se détruite, et cette extinction de l’amour dans sa propre flamme, peut être qualifiée de mort violente de cette passion ; mais la Femme qu’on aura rendue ainsi licencieuse, tâchera probablement de suppléer à la négligence de son mari. Elle ne consentira point à n’être que sa première domestique, après avoir été traitée comme une déesse ;