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la nature que l’homme eut plus d’une femme.

Cependant, quoique je respecte le mariage comme la base de presque toutes les vertus sociales, je ne puis me défendre du sentiment de la pitié la plus vive pour ces infortunées, qu’une erreur sépare de la société, et prive de toutes ces affections et de ces liens qui perfectionnent le cœur et l’esprit. Souvent même la cause de leur infortune ne mérite pas le nom d’erreur ; car plusieurs filles très-innocentes sont les victimes d’un cœur sincère et passionné ; il en est encore davantage qui succombent avant de connoître en quoi le vice diffère de la vertu. — C’est ainsi qu’étant élevées pour l’infamie, elles deviennent infames. Les asyles, les refuges ne sont pas des remèdes propres à ces sortes d’abus : c’est de justice, et non de charité qu’on a besoin dans le monde.

Une Femme qui a perdu son honneur, s’imagine être tombée au dernier dégré d’avilissement : ne lui étant pas possible de rentrer dans son premier état, elle regarde sa tache comme ineffaça-