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qu’on leur accorde un degré d’attention et de respect différent de cette civilité réciproque que l’humanité inspire et que la politesse sociale autorise d’homme à homme ? Comment ne s’apperçoivent-elles pas que si on les traite en reines dans le Midi de leur beauté, ce n’est que pour les tromper par un respect futil, jusqu’à ce qu’on les ait amenées à l’abnégation de leurs droits naturels ? Alors, renfermées dans des cages comme l’espèce emplumée, il ne leur reste qu’à s’y pavaner avec leur majesté dérisoire : il est vrai qu’elles sont pourvues de nourriture et de vêtement sans se donner aucune peine ; mais elles les reçoivent en échange de la santé, de la liberté, de la vertu. Cependant où trouver, dans toute l’espèce humaine, un être douée d’une assez grande force d’esprit pour rejetter des avantages étrangers ; pour s’élever avec une dignité calme et raisonnée au-dessus de l’opinion, et s’enorgueillir des droits inhérens à l’humanité ? Il est inutile de l’espérer, tant que le pouvoir héréditaire étouffera les affections et détruira la raison dans son germe.

C’est ainsi que les passions des hommes