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profondément enracinés qu’ont planté les sensualistes, il en faut aussi pour convaincre les Femmes qu’elles vont contre leurs vrais intérêts, quand, sous le nom de délicatesse, elles préconisent ou affectent la foiblesse ; et pour persuader au monde, que la source empoisonnée des vices et des folies des Femmes, gît dans l’hommage sensuel qu’on paye à la beauté, à la beauté de la figure, car un écrivain germanique a ingénieusement observé qu’une jolie femme est généralement un objet de désir pour les hommes de tout caractère, tandis qu’une belle Femme qui inspire des sentimens plus sublimes, par le développement de sa beauté intellectuelle, peut-être dédaignée ou regardée avec indifférence, par ces hommes qui font consister leur bonheur dans la satisfaction de leurs appetits sensuels. Tant que l’homme restera dans l’état d’imperfection où il paroît avoir été jusqu’à ce moment, il sera toujours plus ou moins esclave de ces appétits : or ces Femmes chétives obtenant la préférence, le sexe est dégradé par une nécessité physique, s’il ne l’est point par une cause morale.

J’ose assurer que cette objection est de