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J’ai sans doute eu plus d’occasions que Rousseau d’observer de jeunes filles dans leur enfance, et je sais me rendre compte de mes sensations ; cependant loin de partager son opinion sur la première tendance du caractère des Femmes, j’ose assurer qu’une jeune fille dont la vivacité ne seroit pas contenue par une inaction forcée ou par une fausse honte, se livreroit à des jeux d’exercice, et ne s’occuperait de poupées que, lorsqu’étant renfermée, elle n’au-

    l’écriture, elle ne voulut d’abord faire que des O. Elle faisoit incessamment des O grands et petits, des O de toutes les tailles, des O les uns dans les autres, et toujours tracés à rebours. Malheureusement, un jour qu’elle étoit occupée à cet utile exercice, elle se vît dans un miroir, et trouvant que cette attitude contrainte lui donnoit mauvaise grace, comme une autre Minerve, elle jetta la plume, et ne voulut plus faire des O. Son frère n’aimoit pas plus à écrire qu’elle, mais ce qui le fâchoit, étoit la gêne, et non pas l’air qu’elle lui donnoit. On prit un autre tour pour la ramener à l’écriture ; la petite fille étoit délicate et vaine, elle n’entendoit point que son linge servît à ses sœurs : On le marquoit, on ne voulut plus le marquer ; il fallut apprendre à marquer elle-même. On conçoit le reste du progrès.