Page:Mary Wollstonecraft - Défense des droits des femmes (1792).djvu/121

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(81)

être en ce moment plus de pouvoir qu’ils n’en auroient si le monde, divisé et subdivisé en royaumes et en familles, étoit régi par les lois de la raison ; mais cette usurpation les dégrade de leur dignité naturelle, et avilit toute la Société ; car le grand nombre devient le piédestal du petit. J’ose donc assurer que jusqu’à ce que les Femmes reçoivent une éducation plus raisonnable, le progrès des vertus et des connoissances humaines sera continuellement entravé ; et s’il est vrai que la Femme n’ait pas uniquement été formée pour les désirs de l’homme, ni pour être sa très-humble servante, il s’ensuit que le premier soin des pères et des mères qui s’occupent réellement de l’éducation de leurs filles, doit être, sinon de leur fortifier le corps, du moins de ne pas détruire leur constitution par de fausses notions de beauté et de délicatesse féminine. On ne doit pas souffrir non plus que de jeunes filles se persuadent, malgré tous les sophismes, qu’un défaut puisse jamais devenir une perfection. Je m’applaudis d’être, à cet égard, du même avis que l’auteur d’un des ouvrages les plus instructifs qu’ait produit