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pour quelques instans, une sorte de tyrannie : l’amour dans leur sein remplace les passions nobles et généreuses : leur seule ambition est d’être jolies ; de produire l’émotion, au lieu d’inspirer le respect ; et, telle que la servilité dans les monarchies absolues, la bassesse de ce désir détruit toute la force du caractère. La liberté est la mère de la vertu ; si les Femmes étoient esclaves par leur nature, s’il ne leur étoit pas donné de respirer l’air vivifiant de la liberté, elles languiroient comme des plantes étrangères, et seroient regardées comme un beau défaut dans la nature ; n’oublions point qu’elles ne sont pas autre chose aujourd’hui.

Mais on peut rétorquer sur l’homme, l’argument relatif à la servitude dans laquelle le sexe a toujours été retenu. Le petit nombre a toujours asservi le plus grand, et des monstres qui méritoient à peine le nom d’hommes, ont tyrannisé des milliers de leurs semblables. Pourquoi des hommes supérieurs se sont-ils soumis à cette dégradation ? Il n’est pas universellement reconnu que les rois, envisagés collectivement, l’ayent toujours emporté en talens et en vertu, sur un nombre égal d’indi-