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créatures remplissent leur rôle ? faites-nous voir que les Femmes qui, par l’acquisition de quelques dons superficiels, ont donné de la consistance au préjugé dominant, faites-nous voir, dis-je, qu’elles contribuent au bonheur de leurs époux ? ne déployent-elles leurs charmes que pour les amuser ? ces Femmes élévées de bonne heure dans l’obéisance passivè, sont-elles bien propres au soin d’une famille, à l’éducation des enfans ? ont-elles assez de caractère pour remplir ces devoirs ? je ne le crois pas ; et, après avoir parcouru les annales de mon sexe, je conviens avec ceux qui en ont fait la satyre, que cette moitié du genre humain est la plus foible et la plus opprimée. L’histoire ne nous offre que les témoignages de son infériorité ; toutes ont porté le joug oppresseur des hommes : il en est si peu qui s’en soient affranchies, qu’elles me rappellent la conjecture ingénieuse à laquelle Newton a donné lieu. On a dit, en parlant de ce grand philosophe, qu’un être d’un ordre supérieur s’étoit probablement venu loger dans un corps humain : je croirois de même que le peu de Femmes extraordinaires qui,