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quer comment une classe opprimée triomphe de la classe oppressive est résolu dans le cas particulier de la bourgeoisie par les « améliorations matérielles ». Marx reproduit en parlant d’elle la description même que faisait Bazard de l’émancipation progressive de la classe industrielle. Même émancipée de la condition serve antique où les industriels demeuraient en dehors de l’association, de la hiérarchie politique, « leur exploitation au moyen-âge encore se Continue par les redevances féodales ». Puis on voit les communes, c’est-à-dire les corporations d’industriels autrefois serfs, « faire des progrès rapides dans la carrière de la liberté, acquérir de l’influence sur les affaires publiques, s’introduire dans les assemblées politiques en Angleterre et en France ». Les rapports des chefs politiques avec la classe industrielle se multiplient, « et chacun de ces rapprochements, détermine de nouvelles concessions en faveur de l’industrie ». La guerre même est déchaînée quand l’industrie la réclame, étouffée quand l’opinion de la classe industrielle lui est contraire. Le temps est venu « de l’avènement politique de l’industrie »[1]. Saint-Simon l’annonçait, et Marx, qui le suit pas à pas, le constate. Sans doute, dans cette constatation même, il n’est pas seul. Vidal avait dit avant lui que dans la société présente « le pouvoir est à la discrétion des marchands et des manufacturiers[2] ». Lo-

  1. 1. Bazard. Doctrine saint-simonienne.
  2. 2. François Vidal. De la Répartition des richesses.